Avril 2018. Ça faisait un mois que tu m’avais brisée. Pis ben, j’arrivais pas à me réparer. Pas toute seule, en tout cas. J’ai des amis qui m’ont dit d’aller voir mon médecin, inquiets de mon état. J’étais brisée et plus rien n’allait. J’étais devenue une toute autre personne; incapable de me concentrer au travail, incapable de m’imaginer que le bonheur existait.
Pis je te parle pas du classique de la dépression que tout le monde s’imagine et que malheureusement plusieurs vivent aussi. J’étais capable de me lever de mon lit, je ne passais pas mes journées à pleurer et à broyer du noir… Mais je me demandais ce que je faisais ici. Ce qu’on faisait tous ici. Si on était pour se mentir et se trahir à tout bout de champ, à quoi bon?
Je fais quoi ici? Je vis pourquoi? Mes valeurs ont pas l’air adaptées à la société, dans le fond. Je prône peut-être trop l’honnêteté, la loyauté pis la fidélité. C’est juste peut-être pas réaliste. Mais alors, à quoi bon? J’ai pas envie d’être ici si tout ça n’existe pas. Si ma vision de ce que devrait être la vie est en fait un rêve utopique et inatteignable. Ça, c’est un résumé de ce qui se passait dans ma tête.
Alors, je suis allée voir mon médecin et je suis sortie avec ma première prescription d’antidépresseurs. Pis je vous écris ça pour la première fois aujourd’hui et ça fait presque 2 ans. J’aurais jamais osé en parler avant. Pis là, je vous en parle parce que je suis contente de vous dire que je les ai arrêtés. Donc oui, c’est encore un sujet tabou, les pilules. Moins qu’avant, oui, mais quand même. Disons que c’est pas écrit sur ta fiche Tinder, que c’est pas le sujet que tu abordes en première date et que tu en parles pas aussi ouvertement que de ta pilule contraceptive.
Bref, ça m’a aidée beaucoup au début, surtout pour la concentration au travail. Pis je voulais vraiment continuer à travailler, parce que ça me faisait penser à autre chose. Pendant que j’étais au travail et que j’étais concentrée, j’oubliais l’instant de quelques heures mes questions existentielles intenses.
Par contre, durant les mois qui ont suivi, je trouve ça difficile d’évaluer si ce sont les médicaments qui m’aidaient, ou si j’allais juste mieux naturellement, grâce au fameux temps. J’ai continué à les prendre par habitude et peut-être aussi par filet de sécurité. Je me disais qu’on change pas une formule gagnante. Je voulais surtout pas retomber aussi bas…
Il y a quelques temps, j’ai évalué les différents aspects de ma vie, mon état de bonheur… Pis j’en suis venue à la conclusion que malgré ma petite crise de la trentaine il y a quelques mois, over all je vais bien et j’aime ma vie. Je me sens prête à essayer de la poursuivre toute seule, sans béquilles. J’ai donc arrêté les antidépresseurs. Et à date, je me sens bien! Il faut dire que j’ai aussi beaucoup travaillé sur moi dans ces 2 dernières années et que je ne suis pas simplement fiée aux pilules non plus.
Bref, aujourd’hui, c’est la journée Bell Cause pour la cause pour la santé mentale. Je trouve ça important d’en parler et de souligner que ça peut arriver à n’importe qui de se rendre là. Pas que je me considère comme n’importe qui ou comme étant une personne plus normale qu’une autre. Mais c’est que plus on en parle, plus on se rend compte que c’est plus commun qu’on le pense et qu’on n’est pas seuls là-dedans. Parlez-en!!!
G.
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